Les hôpitaux parisiens

c'est pas toujours ça.

D'un côté, on a l'hôpital Georges Pompidou, coincé à l'autre bout du 14e arrondissement, propre, grand, calme, des bancs partout, des plantes vertes, des hôtesses d'accueil. Il y a même des Voici et de Gala dans la salle d'attente des familles. Sur les sols lavés on peut distinguer son visage (vu de haut, certes...)

Et de l'autre, il y a Tenon. Ce n'est pas que je n'aime pas Tenon, au contraire, c'est mon hôpital. Mais l'été dernier, alors qu'il faisait 40° à l'ombre, la direction de l'hôpital se tâtait encore pour savoir s'il était oui ou non bien, moralement honnête, intéressant, confortable pour ses patients d'installer des fontaines à eau dans les espaces publics. Finalement, comme il n'y en avait pas (tempête chez les syndicats), les patients faisaient la queue dans les toilettes des urgences (celles-là même dont le néon fonctionne une fois sur deux, depuis qu'il a été changé, en 1969). Je n'y étais pas allée, ravalant ma salive, car la petite mamie devant moi avait épanché un peu partout autour du lavabo le sang qui coulait de sa blessure à la tête.

Extrêmement ragoutant.

Bref, je devais donc y retourner il y a peu.

Après consultation, prise de sang (le matin) et deuxième consultation (l'après-midi), me voilà obligée de passer à la caisse.

Déjà, il faut savoir que la caisse est située dans les urgences, un peu entre les machines à café et les brancards sanguinolents (en général, il y a toujours un type un peu bourré qui hurle et des pompiers rigolards qui tentent de le faire taire).
Et puis il faut savoir que la direction de l'hôpital a de drôles de pratiques :

-Hum oui bonjour, voici ma facture, je voudrais payer par carte bleue.

-Ah je suis désolée mais on ne la prend pas.

-Je ne comprends pas... j'ai payé avec ce matin, et je vois la machine encore sur votre bureau..

-Ah oui, mais c'est ainsi, à 15h, la direction coupe toutes les machines carte bleue.

-Mais.. c'est un peu débilou non ?

-Ah ça...

Heureusement, ils ont bien fait les choses, ils mettent des personnes si agréables aux caisses que l'envie de pousser une gueulante passe assez vite.

Me voilà désormais aux admissions. Comme d'habitude, on fait la queue sur le carrelage cracra, mais comme ce n'est pas prévu qu'il y ait la queue, on se colle contre la machine à café (et donc on fait rouspéter ceux qui en voudraient bien, eux, un petit café)

Je pénètre après quelques minutes désagréables dans un petit bureau d'environ 2m² (en comptant large)

-Dites-donc, c'est sympa votre bureau, on dirait un gentil petit clapier à lapins !

-C'est moi le lapin ?

-Hum.... oui !

- AH AH AH AH !! En tout cas je n'ai jamais vu une jeune fille aussi charmante !
Bon, montrez-moi votre dossier.. Camille, Camille... Féminin ou masculin ?

-Pardon ?

-Féminin ou masculin ?

-A votre avis..

-Ah moi tant que j'ai pas vu hein !

-C'est malin.

[...ellipse temporelle...]

-Bon allez au revoir monsieur, à dimanche !

-Oui, à dimanche, j'ai hâte !

-...

-Vous avez bien lu le petit formulaire sur l'hospitalisation ?

-Euh.. pas trop non.

-Vous devriez, il y a mon numéro de téléphone dedans !

C'est sûr, ce n'est pas aussi aseptisé que dans l'ouest de Paris, mais au moins, je me suis bien marrée. Et avec tout ça, en plus, ce charmant monsieur a oublié de voir qu'il me manquait une pièce dans mon dossier d'hospitalisation. Farpait !!